Faire la fête avec les voisins.
Installer une grande table près des boîtes aux lettres et la recouvrir d’une nappe en papier.
Décorer de bougies à la citronnelle.
Installer les plats au fur et à mesure.
- J’ai fait une salade de pâtes.
- Moi, un taboulé.
- J’ai préparé des tortillas.
- Moi, c’est clafoutis.
- Une tarte aux pommes
- J’ai du fromage.
- Un peu de charcuterie.
Tout prend forme.
- On a assez de verres ? Je vais en chercher sinon.
Un voisin apporte du rosé bien frais ; il a son tire-bouchon dans la poche de sa chemise.
On fait des allers et retours car enfin, il ne faut pas oublier les chaises.
Et puis, au fur et à mesure de la soirée, on se parle.
- Et vous, vous habitez le quartier depuis longtemps, je crois ?
- Oh oui, quand je suis arrivée, là, il y avait encore des oliviers. Mais Monsieur, lui, il était là encore avant.
Et Monsieur l’Ancien raconte la première fois qu’il est venu et comment il a ressenti comme un besoin de vivre ici, sur ce terrain en pente, à Sanary.

Jour de grand marché à Sanary.
Déambuler dans les allées.
Regarder, palper les étoffes des vêtements, sortir un cintre pour essayer grosso modo une tunique, simplement pour voir la longueur, entendre les commerçants pousser d’une voix claire leurs slogans alléchants : « Tout à 10 euros aujourd’hui Madame », « Fabrication française, Madame ».
Remarquer des vestes. En essayer une. En essayer une autre. Sans réfléchir lancer : « Je prends les deux ».
Remarquer des chaussures. En essayer une paire. La vendeuse, douée, indique : « J’ai les mêmes, dans une autre couleur ». Essayer l’autre couleur. Prendre les deux.
Remarquer des visières. En mettre une. Elle est en paille, avec un joli petit foulard orange qui flotte élégamment dans le cou. « En fait, j’en voulais une bleue ». La vendeuse, souriante, dit : « Mais j’ai celle-là, regardez. C’est italien. » Essayer la bleue. Poser les deux visières l’une à côté de l'autre.
Alors, récapitulons : on a pris deux vestes. Et ensuite, on a pris deux paires de chaussures…. Est-ce raisonnable de prendre deux visières ? Non. Tant pis. « Je prends les deux, Madame ».